Le
mot de la faim
Je vous écris
depuis ma quinzième journée de jeûne forcé. Involontaire. Je n’ai pas fait une
grève de faim pour dénoncer quelque chose ou contester une politique quelconque,
rassurez-vous, mais, retenez bien votre rire ou votre étonnement, je manque de
nourriture, c’est que je suis dans un état de dénuement très avancé. La
pauvreté extrême. La dernière allocation que j’ai reçue du gouvernement est
allée directement dans les poches de mon locateur. Le mois passé, j’ai fait
l’épicerie au lieu de payer le loyer. Le propriétaire est entré dans une colère
sans couleur, menaçant de m’expulser manu militari si je ne règle pas le
montant en entier. Entre l’itinérance et la famine, j’ai opté pour cette
dernière momentanément.