Le jour où une jeune étudiante québécoise,
appelons-la Christine, a embrassé l’islam. Elle est arrivée voilée à notre
huitième rencontre du cours Coran
et Hadith (SRL
1210) de la Faculté
de théologie et de sciences des religions à l’Université
de Montréal, donné par le Professeur Shahram Nahidi à la Session Hiver
2010. Cette transformation avait illuminé le visage de
l’enseignant. Il était fier de sa performance, comme s’il avait réalisé
l’exploit du siècle. Ce n’est plus un
cours académique que vous donnez là, mais c’est du prosélytisme, dis-je. Vous
avez terrorisé Christine durant le dernier cours et voici le résultat. Il
n’était pas content de mon intervention, il m’a pris à part pour me donner un
rendez-vous à son bureau pour en discuter.
Revenons au fil des événements pour comprendre ce
qui a poussé Christine à se convertir à l’islam du voile.
C’était pendant la séance précédente, le septième
cours qui traitait de l’eschatologie dans l’islam ou la question de l’au-delà
dans le Coran et le Hadith.
Affichant
un sourire mur à mur, enthousiaste et l’air triomphant, le professeur entame le
cours, en soulignant, d’emblée, la supériorité de l’islam sur les deux autres
religions monothéistes dans l’évocation de l’au-delà. La description y est fort
détaillée, dit-il. S’affiche alors sur l’écran sa présentation PowerPoint de
l’au-delà, du purgatoire, du Jour du Jugement Dernier, du Paradis, de l’Enfer
et de l’éternité.
« La chronologie des événements lors du Jour
du Jugement Dernier
L’archange
Isrâphîl souffle de la trompette (le Coran) deux fois (le Hadith). La première
fois, tous ceux qui sont encore vivants meurent (incluant les humains, les
djinns?, les animaux, les plantes) et la deuxième fois les tombeaux s’ouvrent
et tous les morts ressuscitent (incluant les humains, les djinns? et les
animaux).
Le
soleil s’éteint, les étoiles s’obscurcissent, les montagnes s’entrechoquent,
les océans bouillent et s’assèchent. La terre vomit tous ses trésors, s’aplanit
et se recouvre d’une fine poussière blanche. »
Et
la page suivante montrait ceci.
«On arrive à un grand désert où tout le monde
(juste et injuste) attend la rencontre avec Dieu.
Les poitrines s’ouvrent et toutes les intentions,
les pensées, les actions de tous les individus sont mis à nu » […]
«
Le Paradis est dévoilé et l’enfer est allumé. […]
Les
injustes commencent à se blâmer, à craindre et à souhaiter de redevenir
poussière.» […]
«La balance divine est amenée.
Dieu entre entouré de ses archanges et accompagné
par ses Messagers. Une infinité d’anges chantent la gloire de Dieu jusqu’à ce
qu’il s’assoit sur son trône. […]
Pendant une journée (50 mille ans) tous les
individus ressuscités doivent passer devant Dieu pour une rencontre
individuelle. Ceux qui pourraient être tentés de nier leurs actions, les
membres de leur propre corps témoignent contre eux.»
Après
cette terrifiante introduction, le professeur entre dans le vif du sujet en
présentant le paradis de l’islam. Je vous donne quelques morceaux choisis.
« Il
y a des jardins d’une grande magnificence.
Il y a des ruisseaux d’eau fraîche, du miel, du
lait et du vin pur qui n’enivre pas. Ces ruisseaux coulent en dessous du
Paradis.
Il y a une fontaine qui s’appelle salsabil. Il y a
une fontaine qui s’appelle Kawthar.
Il
y a des trônes couverts de coussins brodés de soie verte. Les habitants du
Paradis s’habillent d’organza et de soie verte. Il ne fait ni chaud, ni froid. »
Il y a de belles jeunes
femmes vierges aux grands yeux comme des perles cachées disposées à se marier
avec les hommes du Paradis.
Il y a de beaux jeunes
hommes qui tournent autour des habitants du Paradis pour les servir.
Arrive
enfin la description de l’enfer pour terroriser ceux qui ne l’étaient pas
encore.
« L’Enfer
a huit portes. À chaque porte, il y a un gardien qui empêche les habitants de
l’Enfer d’en sortir. »
[…]Les anges frappent les doigts et les cous des
malfaiteurs.
Il y a l’obscurité partout malgré que beaucoup de
feux soient allumés.
Les
habitants de l’Enfer remplissent leurs estomacs d’un fruit dégoûtant
ressemblant à des têtes de démons provenant
d’un arbre maudit. Ce fruit ne rassasie pas.
Une
eau bouillante et putride est versée sur leur tête et ils en boivent. Cette eau
continue son ébullition dans leur ventre.
Chaque fois que leur peau est brûlée, une nouvelle
peau prend sa place afin que la souffrance dure encore et toujours. »
Comme
ce n’était pas suffisant, il ajoute.
« Toutes
sortes de tortures sont infligées.
Exemple : être suspendu par
les cheveux et les seins ou la barbe;
être obligé de manger sa propre chair ou la chair des autres, être frappé
partout, avoir soif et faim en
permanence, avoir les yeux crevés par du
métal brûlant, etc.»
À la
question pourquoi il n’a pas introduit dans son cours les opinions et les avis
critiques comme dans l’étude du Judaïsme et du Christianisme, pourtant il n’en
manque pas dans la tradition islamique depuis al-Mawardi jusqu’à Mahmoud Mohamed Taha en passant par les penseurs et philosophes arabes et musulmans comme Al
Kindi, Abul ʿAla Al-Maʿarri , Ali Datchi, Taha
Hussein, Nasr Hamid Abu Zayd sans parler de tous les islamologues orientalistes. La
réponse pour lui résidait dans l’approche postmoderniste de sa faculté. Nous
enseignons l’islam tel qu’il est perçu par les croyants de cette religion. Tout
est dit, l’aspect rationnel dans le traitement de cette matière est évacué ce
qui donne des Christine voilées persuadées qu’ainsi elles éviteraient les
affres de l’enfer islamique.