mercredi 2 décembre 2015

Christine la musulmane



Le jour où une jeune étudiante québécoise, appelons-la Christine, a embrassé l’islam. Elle est arrivée voilée à notre huitième rencontre du cours Coran et Hadith (SRL 1210) de la Faculté de théologie et de sciences des religions à l’Université de Montréal, donné par le Professeur Shahram Nahidi à la Session Hiver 2010. Cette transformation avait illuminé le visage de l’enseignant. Il était fier de sa performance, comme s’il avait réalisé l’exploit du siècle.  Ce n’est plus un cours académique que vous donnez là, mais c’est du prosélytisme, dis-je. Vous avez terrorisé Christine durant le dernier cours et voici le résultat. Il n’était pas content de mon intervention, il m’a pris à part pour me donner un rendez-vous à son bureau pour en discuter.
Revenons au fil des événements pour comprendre ce qui a poussé Christine à se convertir à l’islam du voile.

C’était pendant la séance précédente, le septième cours qui traitait de l’eschatologie dans l’islam ou la question de l’au-delà dans le Coran et le Hadith.

Affichant un sourire mur à mur, enthousiaste et l’air triomphant, le professeur entame le cours, en soulignant, d’emblée, la supériorité de l’islam sur les deux autres religions monothéistes dans l’évocation de l’au-delà. La description y est fort détaillée, dit-il. S’affiche alors sur l’écran sa présentation PowerPoint de l’au-delà, du purgatoire, du Jour du Jugement Dernier, du Paradis, de l’Enfer et de l’éternité.

« La chronologie des événements lors du Jour du Jugement Dernier
L’archange Isrâphîl souffle de la trompette (le Coran) deux fois (le Hadith). La première fois, tous ceux qui sont encore vivants meurent (incluant les humains, les djinns?, les animaux, les plantes) et la deuxième fois les tombeaux s’ouvrent et tous les morts ressuscitent (incluant les humains, les djinns? et les animaux).
Le soleil s’éteint, les étoiles s’obscurcissent, les montagnes s’entrechoquent, les océans bouillent et s’assèchent. La terre vomit tous ses trésors, s’aplanit et se recouvre d’une fine poussière blanche. »

Et la page suivante montrait ceci.

«On arrive à un grand désert où tout le monde (juste et injuste) attend la rencontre avec Dieu.
Les poitrines s’ouvrent et toutes les intentions, les pensées, les actions de tous les individus sont mis à nu » […]
« Le Paradis est dévoilé et l’enfer est allumé. […]
Les injustes commencent à se blâmer, à craindre et à souhaiter de redevenir poussière.» […]
«La balance divine est amenée.
Dieu entre entouré de ses archanges et accompagné par ses Messagers. Une infinité d’anges chantent la gloire de Dieu jusqu’à ce qu’il s’assoit sur son trône. […]
Pendant une journée (50 mille ans) tous les individus ressuscités doivent passer devant Dieu pour une rencontre individuelle. Ceux qui pourraient être tentés de nier leurs actions, les membres de leur propre corps témoignent contre eux.»

Après cette terrifiante introduction, le professeur entre dans le vif du sujet en présentant le paradis de l’islam. Je vous donne quelques morceaux choisis.

« Il y a des jardins d’une grande magnificence.
Il y a des ruisseaux d’eau fraîche, du miel, du lait et du vin pur qui n’enivre pas. Ces ruisseaux coulent en dessous du Paradis.
Il y a une fontaine qui s’appelle salsabil. Il y a une fontaine qui s’appelle Kawthar.
Il y a des trônes couverts de coussins brodés de soie verte. Les habitants du Paradis s’habillent d’organza et de soie verte. Il ne fait ni chaud, ni froid. »
Il y a de belles jeunes femmes vierges aux grands yeux comme des perles cachées disposées à se marier avec les hommes du Paradis.
Il y a de beaux jeunes hommes qui tournent autour des habitants du Paradis pour les servir.

Arrive enfin la description de l’enfer pour terroriser ceux qui ne l’étaient pas encore.

« L’Enfer a huit portes. À chaque porte, il y a un gardien qui empêche les habitants de l’Enfer d’en sortir. »
[…]Les anges frappent les doigts et les cous des malfaiteurs.
Il y a l’obscurité partout malgré que beaucoup de feux soient allumés.
Les habitants de l’Enfer remplissent leurs estomacs d’un fruit dégoûtant ressemblant à des têtes de démons provenant  d’un arbre maudit. Ce fruit ne rassasie pas.
Une eau bouillante et putride est versée sur leur tête et ils en boivent. Cette eau continue son ébullition dans leur ventre.
Chaque fois que leur peau est brûlée, une nouvelle peau prend sa place afin que la souffrance dure encore et toujours. »

Comme ce n’était pas suffisant, il ajoute.

« Toutes sortes de tortures sont  infligées. Exemple : être  suspendu par les cheveux et  les seins ou la barbe; être  obligé de manger sa propre  chair ou la chair des autres, être frappé partout, avoir soif et  faim en permanence, avoir les  yeux crevés par du métal  brûlant, etc.»

À la question pourquoi il n’a pas introduit dans son cours les opinions et les avis critiques comme dans l’étude du Judaïsme et du Christianisme, pourtant il n’en manque pas dans la tradition islamique depuis al-Mawardi jusqu’à Mahmoud Mohamed Taha en passant par les penseurs et philosophes arabes et musulmans comme Al Kindi, Abul ʿAla Al-Maʿarri ,  Ali Datchi, Taha Hussein, Nasr Hamid Abu Zayd sans parler de tous les islamologues orientalistes. La réponse pour lui résidait dans l’approche postmoderniste de sa faculté. Nous enseignons l’islam tel qu’il est perçu par les croyants de cette religion. Tout est dit, l’aspect rationnel dans le traitement de cette matière est évacué ce qui donne des Christine voilées persuadées qu’ainsi elles éviteraient les affres de l’enfer islamique.

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