Pourquoi je pense que cette loi
21 du gouvernement de la CAQ est démagogique, populiste, électoraliste et insatisfaisante.
Qu’elle n’est qu’une énième tentative de diversion pour permettre à l’idiot
utile et à l’idiot actif d’intoxiquer l’atmosphère du climat social au Québec.
Faisons le philosophe et passons les éléments
de cette loi à travers les filtres de la sagesse. La loi est-elle utile à la
société, est-elle juste, est-elle d’intérêt public? Ajoutons à cet examen de
sagesse l’examen de la justice sociale. Cette loi, une fois qu’elle entre en
vigueur, apportera-t-elle plus de justice sociale et une meilleure répartition
des richesses nationales, améliorera-t-elle le sort des citoyens sans travail
et ceux qui vivent dans la précarité (deux millions de clients des banques
alimentaires), encouragera-t-elle un vivre ensemble harmonieux ? Essayons
l’exercice.
Je suis areligieux, plutôt athée convaincu
depuis mon adolescence, c’est pour dire que le principe de laïcité de l’État me
convient parfaitement. Le Québec est sécularisé depuis plusieurs décennies, la
séparation de l’église et de l’État est ancrée dans cette société comme,
pratiquement, dans toutes les sociétés occidentales. Le religieux n’a plus
aucune prévalence dans la gestion des affaires de l’État. Je trouvais et je
trouve encore que la laïcité de l’État est le principe par excellence que tout
pays doit appliquer pour la coexistence pacifique au sein de la société. Quoi
de plus équitable, donc, que de voir l’État rouler sous un système basé sur les
principes de la laïcité, réaffirmant la séparation de l’État et des religions,
la neutralité religieuse de l’État, l’égalité de tous les citoyens et la
liberté de conscience et de religion.
En effet, le projet de loi du gouvernement
caquiste stipule que les institutions parlementaires, gouvernementales et
judiciaires sont tenues de respecter les principes de la laïcité dans le cadre
de leur mission. Il prévoit notamment l’interdiction du port de signes
religieux chez les employés de l’État en position de coercition (juges,
policiers, procureurs, gardiens de prison). Jusqu’ici tout est parfait quoiqu’il
me paraisse superfétatoire puisque les fonctionnaires de ces corps de métiers
sont depuis longtemps assujettis à un code vestimentaire réglementaire. Là où
le bât blesse, c’est au niveau de la mention qui concerne les enseignantes
voilées des écoles primaires et secondaires du réseau public de l’éducation du
Québec. La loi semble faite sur mesure pour cette catégorie de personnes. C’est
une double peine à leur encontre, elles sont condamnées d’abord par la lecture
dominante et littéraliste de leur croyance, obligées pour certaines d’entre
elles de porter le voile par conviction et d’autres par soumission à la
pression sociale ou familiale et bien d’autres par défi ou par solidarité. La
deuxième peine vient de cette nouvelle loi qui les exclue du monde du travail.
N’y aurait-il pas une meilleure approche pour les inclure au lieu de les
rejeter.
En réalité, je m’attendais à une véritable
laïcité de l’État, une laïcité totale et globale qui sépare réellement les
affaires publiques des affaires religieuses à commencer par la suppression du
financement public des écoles confessionnelles et l’abrogation des exemptions
fiscales aux organisations religieuses, la suppression du volet « culture
religieuse » du cours « Éthique et culture religieuse ». Et
j’ajouterai à titre d’exemple le changement des noms (toponymie) des rues et
des boulevards et des avenues, des places, des villages et des villes,
l’abrogation des cimetières religieux, le démantèlement des croix, la
séparation du religieux et de l’enfant dans toutes les institutions et dans
toutes les écoles publiques et privées pour toutes les confessions, le confinement
de toute expression religieuse dans le domicile privé et les lieux de culte, la suppression des accommodements religieux
dans les institutions publiques et privées, l’interdiction de l’affichage des
signes religieux dans toutes les institutions publiques et privées, la
suppression des subventions aux
instituts religieux etc..
À l’aune de ce qui précède, ce projet de loi
est donc très loin du compte d’où mes soupçons de démagogie et de populisme à
l’égard de ce gouvernement caquiste. Ce parti néolibéral est dangereux,
il joue sur le terrain miné de l’identitaire à des fins purement électoralistes.
Il n’est pas convaincu, lui-même, de la laïcité de l’État.
Ce projet de loi qui ne vise finalement qu’une
infime partie de la population (quelques centaines au plus) montre son
insuffisance et son insignifiance, car le problème du voile des enseignantes du
secteur public pourrait très facilement être résolu par une loi interne
ou un règlement intérieur des institutions éducatives du Québec. Une loi qui
porterait sur le code vestimentaire réglementaire des enseignantes et des
enseignants et sur l’interdiction de tout prosélytisme à l’école.
Cela éviterait à la société d’entrer dans un
engrenage sans fin de batailles politiques et juridiques à l’échelle de la Province
et de la Fédération qui ne ferait qu’exacerber les appartenances, exaspérer les
minorités et stigmatiser un groupe fragile de citoyens : les enseignantes
voilées. Par la même occasion, l’adoption de ce règlement couperait l’herbe
sous les pieds aux groupes extrémistes de tous bords.
Et un dernier mot pour la route en guise de
conseil au gouvernement s’il veut vraiment lutter contre l’extrémisme religieux
islamique. Le foulard ou le hijab ou le voile est là et il le restera pendant
pas mal de temps encore tant que l’idée qui l’a initié ou imposé n’est pas
combattue ni battue. Le port du voile découle d’une lecture rigoriste de
l’islam qui est soutenue par de puissantes organisations islamistes comme celle
des Frères musulmans et des wahabites salafistes et par de richissimes
monarchies comme le Qatar et l’Arabie Saoudite. Cette lecture est
malheureusement dominante dans les pays arabes et musulmans et même dans les
pays occidentaux.
Lorsque le gouvernement cible les enseignantes
voilées, il s’attaque au messager et non pas au message. Peut faire mieux!
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